La silhouette du prêtre

 

Deux visages du prêtre cohabitent de manière parfois antagoniste : l’apôtre et l’ancien, l’envoyé itinérant et le jardinier.

 

Le curé traditionnel, même s’il pratiquait beaucoup les visites à domicile, était très lié à un territoire réduit et envoyé à une portion bien délimitée localement du peuple de Dieu. Il en était l’ancien, le père, le berger etc. Il en vivait la vie, vie qui suivait plus ou moins son cours paisible au rythme des saisons ; il cultivait la vigne de Dieu comme il cultivait son jardin.

 

L’évolution actuelle du rythme de vie, de la mobilité des personnes, de la forme et du nombre des vocations change la manière d’être des chrétiens et du prêtre.

Le prêtre est de plus en plus itinérant. Il va de groupe en groupe et d’église en église.

Déjà, dans bien des secteurs de son ministère, il n’est plus le responsable mais l’aumônier ou le prêtre accompagnateur. Dans bien des domaines et non des moindres, il dépend, pour l’exercice de son ministère, d’un responsable laïc (Service diocésain de la catéchèse, Enseignement Catholique etc).

Cependant, ce que l’on accepte volontiers dans les services et mouvements d’Eglise, on ne l’accepte pas encore pour ce qui est des réseaux paroissiaux. On tient encore à ce que le responsable d’une paroisse soit un curé (qu’il soit résidant ou administrateur) : d’où des prêtres en charge de secteurs paroissiaux de plus en plus grands et passant leur temps et leur énergie à la gestion d’une multitude de Conseils de ceci ou de cela.

Je crains que cette charge accrue de gouvernement, si elle ne tue pas physiquement le prêtre, ne l’épuise moralement, ne l’assèche spirituellement, et ne rebute beaucoup à l’idée de devenir prêtre.

Je crois que plus le prêtre sera un apôtre itinérant et plus il devra renoncer à être un gouvernant ou un manager, lui qui a déjà renoncé à être le catéchète et le responsable des œuvres de charité.

Cela veut peut-être dire un recentrement du prêtre sur son être christique dans le service sacramentel… Un prêtre moins presbytre et plus sacerdote.

 

 

Mais le prêtre ne doit pas devenir qu’un simple exécutant gyrovague et distributeur de sacrements : il doit garder un port d’attache où conserver un lopin de terre, une portion d’Eglise à cultiver dans une relation intime, personnelle et durable.

Le prêtre doit vivre l’équilibre dynamique entre le visage de l’apôtre et celui de l’ancien, ne pas être qu’un visage mais être une silhouette, celle du Christ.

 

 30/01/2008