Le célibat du prêtre        

 

Avant toute chose, il convient de relativiser ce célibat ecclésiastique :

-         il n’a pas toujours existé

-         et il y a des prêtres catholiques légitimement mariés en Orient.

Le célibat des prêtres n’est aucunement une exigence théologique mais un choix pastoral de notre Église Catholique Romaine d’Occident.

 

Et il faut bien reconnaître qu’au delà de l’aspect pratique (d’ailleurs discutable) du célibat des prêtres, ce célibat présente une magnifique convenance spirituelle pour le prêtre. Si le célibat des religieux et religieuses est une préfiguration du Royaume céleste et une expression de l’exigence évangélique à ne s’attacher qu’à Dieu seul, le célibat des prêtres manifeste plus particulièrement l’identification du prêtre avec le Christ Jésus Époux de l’Église et incite à la paternité spirituelle du prêtre…

 

Ce célibat n’est pas facile. Il est parfois comme une blessure ouverte dans la chair du prêtre mais ouverte aux autres, pour les autres : rappel immanent à lui-même du don de sa vie et solidarité humaine avec tous les blessés de la vie en particulier au plan sexuel.

 

Je déjeunais l’autre soir chez un couple de divorcés, remariés civilement. L’homme, dont le fils est prêtre, dit +/- à un moment de la conversation : « si mon fils prêtre devait avoir une aventure sexuelle, il aurait trahi sa prêtrise et je ne le connaîtrais plus comme mon fils ! ». Cette parole m’a choqué.

 

Le prêtre, comme tout célibataire, est invité à vivre sa chasteté dans la continence sexuelle. Pour le célibataire, la continence est la meilleure voie d’épanouissement et les expériences sexuelles sont pour lui dés-humanisantes et donc contraire à la volonté divine, un péché. C’est le péché véniel de fornication : péché sans doute d’autant plus déstabilisant et donc grave que celui qui le commet est d’âge à fonder une famille ; péché aggravé pour le prêtre d’absence de perspective familiale et du risque de scandale public.

 

Mais le vrai scandale, ce qui fait réellement matière à péché grave, c’est l’adultère : « Tu ne commettras pas d’adultère » Ex 20.14

L’adultère, en effet, s’oppose directement au sacrement du mariage. L’union de l’homme et de la femme dans le mariage est l’expression humaine de l’union des Personnes divines et de l’alliance indestructible du Christ avec son Église. L’adultère est l’équivalent d’un blasphème : il est le pendant dans le Décalogue du

« Tu n’auras pas d’autres dieux que moi » Ex 20.3

 

 

Aujourd’hui, on ne croit plus guère au mariage et à la possibilité de rester continent en dehors d’icelui. Le célibat des prêtres devient donc douteux ou héroïque.

Une bonne compréhension du mariage est nécessaire à une saine compréhension du célibat et réciproquement. Et la clef de cette compréhension, c’est le DON.

Don de soi à l’autre, aux autres, au Tout Autre.

Ce don est parfois crucifiant et parfois exaltant : la croix est le lieu de l’exaltation du Christ et c’est aussi là que par le don de sa vie, Jésus nous a donné la Vie.

Célibat et mariage, vécus dans le don de soi, ne peuvent que donner la Vie.

 

Abbé Bertrand THÉBAUT     le 03/03/2005